You are currently viewing Le FUN

Le FUN

Découvrir des posts web sur les serious games, la ludopédagogie ou la gamification qui nous parlent de « fun » toutes les 2 lignes m’interpellent toujours !…

En 2023, le terme anglophone Fun signifie littérairement « plaisir » ou « amusement« . Il peut être généré ou obtenu via différentes activités : jeu, sports, arts plastiques, cinéma, cirque, danse, fête, Internet, lecture, pêche, etc. (même l’amour). La finalité de l »ensemble de ces activités est d’obtenir du plaisir et de l’amusement (donc du Fun).

L’adjectif « fun » signifie donc plaisant ou amusant. Il m’arrive de proposer le terme « orgasmique » pour signifier un état ultime de plaisir ou d’amusement. C’est français, parlant, efficace et ça donne le sourire (pas vous ?).

En définitive, tout cela ne serait qu’une affaire de chimie avec du plaisir créé par la génération de dopamine dans le cerveau (c’est moins fun ça, non ?)

Le Fun n’est donc définitivement pas le synonyme de jeu. On peut prendre du plaisir dans plein d’autres activités que le jeu.

En 2023, le terme adéquate, quand on parle d’un jeu, est « ludique« , signifiant « relatif au jeu » (https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9L1325).
N.B : à remarquer que la série Netflix Ludik de 2022 n’a rien à voir avec le jeu 😀

L’étymon (racine) de ludique est le mot latin ludus, ayant plusieurs significations (concret, abstrait, par extension) :

  •  Concrètement, ludus signifiait une « activité exercée sans finalité pratique, pour le plaisir » (jeux, jouets, entraînement, exercice physique), à des occasions variées.
  • De manière plus abstraite, ludus signifiait également pour les Romains « ce qui est propre à l’enfant » (enfantillage, plaisanterie).

Chez les Romains, une distinction existait entre ludus maiores (jeux pour adulte) et ludus minores (jeux pour enfants).

D’ailleurs, beaucoup de jeux enfantins imitaient les activités des adultes : la poupée (pupa signifiant petite fille) pour la préparation à l’activité de maman, le cheval de bois pour la préparation à l’activité de cavalier soldat, etc.

En termes de catégorisation, ludus était le « jeu en action » et jocus le « jeu en paroles« .

D’après Festus Grammaticus (grammairien latin de la fin du iie siècle ap. J.-C), auteur de « Significatione Verborum » (dictionnaire des antiquités romaines, de la langue latine et de la mythologie), le terme ludus était également utilisé pour désigner l’école comme un lieu de jeu pour rendre l’activité plus attractive pour les enfants de l’époque. Ce serait alors une définition de ludus par extension.

On peut donc qualifier le mot ludus de polysémie (mot à plusieurs sens).

Mais alors, le terme ludification viendrait du mot latin « ludificatio » dont le sens était « action de se jouer de quelqu’un, mystification » ? Presque, mais non ;-).

Ludification est initialement la francisation récente du mot anglais gamification (créé en 2002 par le programmeur Nick Pelling) en utilisant la racine latine ludus et le suffixe « -ification » (verbe latin facio, « faire »),  signifiant donc « action de faire de quelque chose un jeu ». Il s’agit donc d’une signification nouvelle avec un mot déjà existant.

D’un autre côté, la racine latine du mot jeu est « jocus« , signifiant « badinage, plaisanterie« . Ah oui ! « joke » en anglais ? (et oui !).

Et le terme didactique, la dedans ?

La didactique est une approche rationnelle de l’enseignement et de la transmission des connaissances aux hommes. Elle regroupe notamment les procédés et les techniques ayant pour objet les méthodes d’enseignement et d’apprentissage. L’adjectif didactique signifie « visant à instruire ».

Alors ? Un jeu où on apprend est un jeu didactique et non un relatif au jeu ? (et oui 😉 )
Un jeu ludique, c’est un peu n’importe quoi, puisque cela signifie « un jeu relatif au jeu« .
Un jeu amusant ou un jeu fun serait un pléonasme puisqu’un jeu est par définition une activité créant de l’amusement ou du plaisir (avec un cadre, un ou des joueurs, un objectif, des règles, une certaine frivolité et un détachement d’une activité réelle et utile, etc.). Si un jeu n’est pas amusant, c’est que c’est un jeu raté (en majorité) 😀 mais un jeu peut aussi être une perception d’une situation, selon les enjeux (ce sera un autre article). Une activité de recrutement présentée comme un jeu par un recruteur ne sera pas perçue comme un jeu (donc amusant) par un candidat (ça ne rigole plus).

Quant au serious game (version anglaise du jeu utilitaire, qu’il soit vidéo ou non), traduit le plus souvent par jeu sérieux, l’amusement et le plaisir (fun) ne sont pas incompatibles avec l’aspect utilitaire et utile du dispositif (jeu sérieux, gamification), la partie ludique n’étant qu’un outil au service de la fonction.

En prenant du recul :

  • En définitive, que penser de la compétence et de la fiabilité d’un communiquant (professionnel, formateur, pédagogue, coach, journaliste, politicien, etc.) qui utiliserait massivement le terme « Fun » dans sa communication orale ou écrite ?
  • Et de celui ou celle qui utiliserait le terme « ludique » à la place de « didactique » ou utiliserait le terme de jeu ludique ?

Approximation, méconnaissance, Amateurisme, tentative d’escroquerie intellectuelle ?… (j’ai ma propre idée, et la vôtre ?)

En attendant, pour le plaisir (fun), prêtez vous à ce petit exercice estival exploratoire et divertissant :

  1. D’après vous, une « vidéo à caractère ludique », c’est quoi ? (une chose est sûre, ça existe, mais peut-être pas sous la forme que vous imaginiez jusqu’alors)
  2. « On considère trop souvent le sport comme une activité ludique et non pas comme une donnée sociale, médicale, culturelle et économique essentielle », ça vous parle ? (développez)
  3. « Une approche reposant sur du matériel didactique et ludique », vous visualisez ? (essayez de faire un dessin)
  4. Le mot « fun » en mode graphique ? (trouvez, créer ou dessinez une icône ou une image symbolisant « Fun »)

Et puis, il y a l’ouvrage fondateur de Ralph Koster intitulé : A theory of Fun (la théorie de l’amusement)