La fausse « pyramide de l’apprentissage » a encore la dent dure.
L’ayant vue proposée, encore ce jour même, dans un webinaire, il m’a semblé utile de vous proposer quelques éléments factuels recueillis depuis un certain temps.
Vous pouvez utiliser cette pyramide comme argumentaire commercial (comme n’importe quel autre slogan) mais cette pyramide ne repose sur aucune donnée scientifique et n’est pas valable en sciences de l’éducation et en psychologie cognitive (Goudeseune, 2018). Ca c’est dit !
La pyramide de l’apprentissage, issu d’une entité marketing dans le monde de la formation, proposerait une classification de l’efficacité (impact de mémorisation sur des apprenants) de différents modes d’apprentissage (lecture, écoute, démonstration, expérimentation, etc.) en termes de mémorisation. Les chiffres (entiers) avancés sont des multiples de dizaines.
La pyramide et les chiffres proposés (facteurs de 10) ne reposent pas sur des études scientifiques. Ces pourcentages ne sont pas validés .
La recherche de traçabilité (cf sources) pour en arriver à ce que cette pyramide soit proposée dans le secteur du marketing de la formation semblent souligner, entre autres, la concaténation (presque maladroite) de données de diverses expérimentations (scientifiques) antérieures sorties de leur contexte. Mais je me trompe peut-être encore une fois (mon anglais est loin d’être parfait,).
Après, quand on sait (je ne fais pas le fier car je ne le sais que depuis juillet 2021, soit 2 semaines après avoir découvert cette fameuse pyramide) que cette pyramide n’a rien de scientifique et qu’elle vient du marketing, je trouve (mais ce n’est que mon avis) plus captivant d’explorer certains autres modèles (scientifiques ceux là) :
– Celui d’Argyris / Schön nous apprenant que c’est en corrigeant des erreurs que l’on apprend (c’est utile, ça). Ce serait donc en faisant que l’on apprendrait ?
– Celui de Kolb nous proposant de combiner habilement les modalités pour apprendre, durant le cycle d’apprentissage (chaque modalité trouvant sa place et son utilité, quelque soit son taux d’efficacité). Cà, ça m’arrange.
– Encore un autre de Kolb (s’appuyant sur Daniel Chartier 2003) sur les 4 préférences d’apprentissage des apprenants : le divergeant, le convergeant, l’accommodateur et l’assimilateur.
– Quant au modèle 70/20/10 (en %) du même Kolb, il semblerait que l’échantillon ne soit pas suffisamment significatif du point de vue statistique. Dommage, on avait des % en facteur de dizaine 😉
Pour creuser le sujet :
- Analyse critique des modèles d’apprentissage (Pr. Julian Alvarez / Immersive Factory)
- Excavating the origins of the learning pyramid myths (Kåre Letrud, Sigbjørn Hernes)